Après quelques mois de recherche sur l’utopie et après avoir annoncé que j’allais travailler sur le thème de la presse, il était temps de clarifier mon projet. Le contexte politique tendu dans mon pays d’origine, la France, est d'une certaine manière devenu une source de réflexion et d'inspiration pour ce nouveau projet.
J’ai un an de résidence au Kulturhuef et j’y imprimerai un journal.
Ce journal sera composé de dessins réimprimés à la linogravure et sera utopiste. Quatre jours de résidence m’ont permis de synthétiser quatre mois de recherche, non sans mal.
Semaine 02 (Septembre 2024)
Le journal commence avec la petite enfance, la paix et la liberté. Puis, il raconte la vie, l’amour, le travail, le logement, la vieillesse et finit par la croyance. Je sais maintenant comment il s'organise, il n’y a plus qu’à créer et imprimer.
J’ai créé une première planche que je grave au camping le soir après mes journées de résidence. Elle parle de la petite enfance libre et sauvage. J’ai ramené un papier très fin de 50gr/m2 et je teste des impressions en linogravure. C’est seulement au bout de 80 pages que je me rends compte que le papier est trop fin et que sa transparence rend l’impression trop sale. C’est une leçon que j’ai mis du temps à saisir, au moins c’est appris pour le mois prochain. ;)
Octobre 2024
Ce mois-ci, je suis venu une fois par semaine au Kulturhuef afin de pouvoir ménager du temps à mes autres projets en cours qui sont nombreux en cette fin d'année. Cela m'apporte une régularité, mais le temps passe extrêmement vite et je dois donc encore plus structurer mon travail.
Les premières pages du journal utopique sur lequel je travaille commencent à prendre forme et j'ai décidé d'en partager quelques avec le public. Celle-ci seront accrochées jusqu'à la fin de la résidence aux murs du Kulturhuef Bistro.
J'ai également partagé une première page sur les réseaux sociaux. Ce design invite à la contemplation ou comment rêver une plate-forme pétrolière. Il s'agit d'un bref avant-goût de l'objet final que je suis en train de concevoir, cependant j'espère que cela piquera la curiosité du public.
Novembre 2024 (18-21/11)
J’avance sur l’élaboration de mon journal utopique.
Je prends chaque page comme une thématique d’un journal et essaie de la passer par un moule utopique. Cette semaine j’en fais une utopie de l’information. Plus qu’une nécessité ou une liberté je la traite comme un art. On se renseigne sur un objet et on apprend sa structure, ses usages pour ensuite le sublimer. Die Kunst des informierens
Décembre 2024
Au Luxembourg il y aurait entre 16.000 et 20.000 unités de logement vides.
Quant on aborde le sujet du logement ma position politique est claire, pourtant j’ai du mal à conceptualiser et illustrer une utopie représentant cela.
De plus, l’objectif final du projet n’est pas de faire un pamphlet politique parlant de propriété, de nationalisation, de logement public ou de location.
Après réflexion, je pars sur l'idée d'une utopie utilitariste simple : Les logements c’est fait pour loger. Logement vide, porte ouverte
Février 2025 (25-27/02)
En parallèle de la résidence à Kulturhuef je travaille sur un roman graphique avec mon épouse Le temps de trajet.
Elle est chercheuse en sociologie et écris des textes sur le temps que l’on donne au travail, au trajet pour s’y rendre, face au temps que l’on préserve aux loisirs, au repos, et aux gens qui nous sont proches.
Cette semaine, je fais une double page du journal sur le temps libre. Des mains tirent les aiguilles d’une horloge. Elles s’étirent en fil tandis que d’autres paires de mains les rattrapent pour tricoter le temps libre.
Mars 2025 (04-05/03)
Cette fois ci je ne suis présent que pour deux jours au Kulturhuef. Je n’aurai donc pas le temps de faire une page entière. Je décide donc de flâner un peu dans le musée, j’observe plus précisément les machines, les lettres, les clichés. Je me dis que c’est dommage de me concentrer que sur le lino et que le musée a beaucoup plus à offrir. On en parle avec Martina qui me conseille de jeter un oeil aux archives et de voir si j’y trouve l'inspiration. Une grande partie des clichés de la collection du musée est dédiée aux publicités des années 70 et 80. Je trouve qu’elles ont l'air d’utopies d’une époque moins guindée.
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Le concept qui porte le projet c’est l’utopie. L’idée du journal utopique me semble partir dans un cul de sac. En effet, quand j’en parle aux gens autour de moi, je perçois l'incompréhension. Pour ne rien faciliter, l’impression sur du papier fin me rajoute un gros challenge technique. On en discute avec Léa et elle me dit « Pourquoi tu ne fais pas simplement des affiches ? ». Je trouve l’idée top et je décide donc de changer de direction.